« Il faut que la peinture serve à autre chose qu’à la peinture » Matisse
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Un samedi, au début du printemps,  j’ai rêvé « et si c’était la journée de la créativité? »

Un samedi, au printemps  sur le Pont Saint Louis, devant le square Jean XXIII (Paris 4ème),  cela a été la Journée de la Créativité.

A la croisée des îles, ce fut  une jolie métaphore pour expérimenter le cheminement vers une nouvelle expérience.

Un samedi, à 15 heures, sur le Pont Saint Louis, nous nous sommes retrouvés. Nous avons pris un pinceau, des brosses, et nous avons regardé et gouté les couleurs. Nous nous sommes abandonnés dans la légèreté du souffle de notre imaginaire et avons osé les mélanges spontanés. Nous avons quitté pour un temps magique l’étroitesse de notre espace mental, notre dévorant désir de sécurité et de confort.

Car savoir ou parler de créativité ne suffit pas, et il est indispensable d’expérimenter. De vivre cette expérience, de la ressentir.

Mais au fait, qu’est-ce que la créativité ?

Très cher Robert m’en donne la définition suivante: Capacité, faculté d’invention et d’imagination.
Le souffle de l’inventivité. S’éveiller à la créativité, c’est découvrir ses capacités, prendre le chemin d’une aventure créatrice et porter un  regard nouveau sur les choses.

Les artistes, me direz vous, sont créatifs.
Un artiste ose, un artiste prend des risques, il exprime autrement.
Un artiste va chercher au fond de lui-même l’endroit de la liberté. Il ose faire des liens entre des choses qui à priori n’en ont pas.
Un artiste est là pour produire du nouveau à travers son regard qui est unique. Il se rend disponible à son inspiration et à sa propre énergie.
Un artiste est là pour susciter l’interrogation, poser des questions  et comme le dit Boltanski «  L’art consiste uniquement à poser des questions, à donner des émotions sans avoir de réponses ».
Oui, l’artiste est créatif, mais il travaille aussi, et construit une oeuvre.
Donner du sens à son travail, c’est le rendre plus conceptuel et l’ouvrir vers quelque chose qui est en lien avec l’humain, avec notre existence à nous tous, êtres humains. C’est pourquoi son travail peut nous toucher, nous émouvoir.
Proust dit en parlant des artistes : « Soyez capables d’ôter aux choses le nom que Dieu leur a donné, pour les recréer en leur offrant un autre nom, osez la métaphore et protégez nous du vide et de sa folie ».

Mais la créativité n’est pas l’apanage des artistes.

Et même si tout le monde ne devient pas ou n’est pas artiste, (car l’oeuvre d’un artiste se construit pas à pas, jour après jour, la vie durant), chacun se doit de vivre avec créativité.
Oui, le grain de folie qui est en chacun de nous, dans cet endroit de la liberté, ne mène pas à la folie. Il nous permet juste un peu de légèreté, il nous fait le cadeau du souffle léger de notre imaginaire, et d’être dans l’instant présent.

Alors, comment faire? Mais il n’y a pas de recette. Il s’agit simplement de faire l’expérience de cesser de retenir, de lâcher le contrôle sur trop d’habitudes ou de croyances limitantes, d’accepter de s’ouvrir à ce qui vient, de faire confiance à son intuition. Et d’oser, faire autrement, se laisser surprendre, changer son regard, et oser la métaphore.

Et découvrir que ce que l’on peut faire, tous ces trésors qui sont en nous, nous permet de regarder différemment qui nous sommes et ce que font, ce que sont les autres. Une belle façon de se sentir en vie et au monde.

Ouvrons la boite de notre intuition et accueillons notre grain de folie.

Delphine Epron